Natsume Soseki

Natsume Soseki

Natsume Soseki

Sans doute l’ombre du démon de la vie réelle est-elle toujours à hanter la recherche de la beauté.

Natsume Sōseki, pseudonyme de Natsume Kinnosuke, (né le 9 février 1867 à Edo [aujourd’hui Tokyo], Japon – mort le 9 décembre 1916 à Tokyo), romancier japonais exceptionnel de l’ère Meiji et le premier à décrire habilement le sort de l’intellectuel japonais moderne aliéné.

Natsume a obtenu un diplôme en anglais de l’Université de Tokyo (1893) et a enseigné dans les provinces jusqu’en 1900, date à laquelle il est allé en Angleterre grâce à une bourse du gouvernement. En 1903, il devient maître de conférences en anglais à l’université de Tokyo. Sa réputation a été faite avec deux bandes dessinées très réussies, Wagahai-wa nekode aru (1905-06; Je suis un chat) etBotchan (1906; Botchan: Maître chérie). Les deux satirisent les philistins contemporains et les banques intellectuelles. Son troisième livre, Kusamakura (1906; The Three-Cornered World), est un tour de force lyrique sur le séjour d’un peintre dans un village reculé.

Après 1907, lorsqu’il abandonne l’enseignement pour se consacrer à l’écriture, il produit ses œuvres les plus caractéristiques, sombres sans exception. Ils traitent de l’effort de l’homme pour échapper à la solitude. Ses héros typiques sont des hommes de la classe moyenne bien éduqués qui ont trahi ou ont été trahis par un proche d’eux et qui, par culpabilité ou désillusion, se sont coupés des autres hommes. ÀKōjin (1912–13; The Wayfarer) le héros est poussé à la folie par son sentiment d’isolement; dansKokoro (1914), le héros se tue; et dansMon(1910; L’incapacité du héros à entrer dans la porte d’un temple zen pour chercher un réconfort religieux est un symbole effrayant de frustration, d’isolement et d’impuissance. Le dernier roman de Natsume, Michikusa (1915; Grass on the Wayside), était autobiographique.

Natsume prétendait qu’il devait peu à la tradition littéraire indigène. Pourtant, malgré toute leur modernité, ses romans ont un lyrisme délicat qui est uniquement japonais. C’est à travers Natsume que le roman réaliste moderne, qui avait été essentiellement un genre littéraire étranger, a pris racine au Japon.

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Choses dont je me souviens Natsume Soseki Natsume Soseki
A force de regarder seulement droit devant lui jusque-là, il avait décidé que le monde se limitait à son champ de vision et voilà soudain qu’il devait se retourner.
A la différence des enfants, les adultes usent inconsidérément de leur capacité d’analyser les raisons d’une chose sous toutes ses faces, et extrêmement rares sont les cas où il est possible de goûter la pureté des sentiments, qui devrait constituer la base de la vie quotidienne.
Alors que sans le savoir j’étais considéré comme perdu par neuf personnes sur dix, tel un nouveau-né abandonné au milieu d’une vaste plaine, j’étais totalement insouciant.
Au-delà d’une certaine dose de ragots, l’odeur du monde d’ici-bas vous pénètre par tous les pores et votre corps s’alourdit de cette crasse-là.
Averse de printemps – L’un contre l’autre ils vont – Un parapluie pour deux.
C’est un imbécile et un malade, mais c’est mon maître. Il y a des poètes qui font grand cas de la reconnaissance due à celui qui leur permet de manger même un chat peut alors penser à son maître.
Ceux qui ont lu des romans russes, en particulier les lecteurs de Dostoïevski, le savent sûrement. Ils savent tous que, même si un homme appartient à la plèbe, même s’il n’a pas d’éducation, il peut laisser échapper parfois de ses lèvres, comme une source, une émotion précieuse, sans apprêt, extraordinairement pure qui arrache des larmes.
Déjà trente ans, je me sens vieux. – Le soleil s’attarde encore… – Satisfaite, mon âme musarde – Et, à loisir, je regarde – Tomber, tomber les fleurs…
Demandez au vent – Quelle feuille tombera – La première.
Dialogue intime et familier -Si nuit d’automne plus longue était- Comme les deux se réjouiraient.
Eau de printemps – La roche étreint – Jamais ne s’empare.
Elle savoura délicieusement cette liberté qu’elle connaissait pour la première fois depuis son mariage, avec un sentiment exceptionnel de détente. Quand elle s’aperçut que c’était au fond grâce à l’absence de son mari, elle était même prête à se féliciter d’être seule pour un certain temps. Puis elle fut stupéfaite de découvrir combien l’étroitesse de la vie quotidienne qu’elle partageait avec son mari et à laquelle elle n’avait jamais prêté attention, l’ignorant tout à fait jusqu’à ce jour-là, était devenue pour elle un fardeau d’une lourdeur inattendue.
En un sens, le lien conjugal était comme le combat de deux lutteurs de sumô, qui doivent s’affronter tous les jours sur le même ring : du point de vue intérieur des deux intéressés, la femme était toujours l’adversaire du mari, même parfois son ennemi, mais dès qu’ils se trouvaient face à la société, elle devait quoi qu’il advînt, prendre le parti de son mari.
Imbriqués dans les méandres de la vie réelle, nous sommes en même temps aux prises avec les difficultés de la littérature et c’est avec tristesse que nous constatons que, poussés par “l’air du temps” tout au long des trois cent soixante-cinq jours de l’année, nous sommes empêchés de tourner le regard vers autre chose, obligés de nous rendre à l’évidence que la vie ne peut qu’être étouffante et sans beauté.
Invariablement, le médecin me demandait à quel bras je souhaitais qu’il me pique. Pour ma part, je ne souhaitais aucune piqûre ni à un bras ni à l’autre.
J’ai toujours ressenti avec malaise le fait d’exister dans une société aride, d’où la générosité est absente.
J’avais un contenu à transmettre, j’essayais donc de le formuler. Mais lorsque les mots que je voulais prononcer traversaient ma gorge comme une pelote d’aiguilles, ce qui sortait de mes lèvres avait perdu toute sonorité et se révélait pour ainsi dire dépourvu d’efficacité.
Je l’ai mis en terre – Là où le vent d’automne – N’atteindra pas son oreille.
Je ne me rappelle plus pour quelle raison je me suis lancé dans cette digression. Qu’on me le pardonne. Les hommes oublient eux aussi les motifs de leurs actions, et on ne peut pas demander mieux à un chat.
Le jour succédait à la nuit, la nuit succédait au jour. Et les ondulations de mon cœur qu’effleuraient mon esprit s’enfuyaient à l’instant où j’avais cru les saisir.
Le vent agita les cerisiers sauvages dont les feuilles touffues laissèrent s’écouler toute l’eau tombée du ciel qu’elles avaient provisoirement retenue en leur demeure.
Le temps s’étire – Soirée de pluie printanière – Et moi je songe.
Leur conversation qui, jusque-là, avait coulé agréablement, était soudain bloquée comme par un barrage.
Lumière éteinte – Du ciel limpide une étoile se détache – Et entre par la fenêtre.
Lune solitaire – Abandonnée à la nuit – Qui donc vous regarde.
Mais, quelques critiques qu’on puisse faire de mes opinions, une chose est sure : c’est que je les ai vécues. Ce ne sont pas là, destinés à satisfaire un besoin momentané, des vêtements d’occasion.
Mon amour a la couleur de la nuit – Couleur des ténèbres – Que vient visiter la lune.
Pour comprendre quelque chose aux chats, il faut être un chat soi-même.
Quelqu’un a écrit quelque part que le monde étant trop dur, il avait porté sa bonne volonté au mont-de-piété pour un temps indéterminé.
Rien n’est plus décevant que de lire un ouvrage médiocre, abusé par le nom de son auteur ou par un titre prometteur.
Sans doute l’ombre du démon de la vie réelle est-elle toujours à hanter la recherche de la beauté.
Serait-ce déjà l’aube – Longue encore est la nuit – Mais si claire la lune.
Si célèbre soit la signature, reculée l’époque à laquelle un poème a été composé, je ne me sens pas la moindre obligation de l’aimer si je ne le trouve pas à mon goût.
Si je ne compare pas mon propre bonheur, sans jamais oublier que j’ai eu la vie sauve, au malheur de ceux qui ont trébuché sur la corde de la vie, je resterai inconscient de ma chance, inconscient également de l’infortune d’autrui.
Si, d’habitude, elle ne discutait pas, ce n’était pas qu’elle en fût incapable, mais c’est qu’elle n’en avait pas besoin.
S’il s’agissait d’argumenter pour argumenter, il aurait mieux valu s’abstenir de toute conversation dès le départ. Il fallait donc qu’elle la maintînt au ras du sol. Mais, malheureusement, d’entrée de jeu, son interlocutrice avait quitté la terre ferme. L’amour dont parlait Hideko n’était ni celui de Tsuda, ni celui de Hori, ni celui de Nobuko, ni le sien propre. C’était un amour qui volait en plein ciel, en toute liberté. Par conséquent, tout l’effort de Nobuko devait consister à attirer vers le bas le discours de Hideko qui s’élevait comme un ballon.
Son oncle, qui, toujours assis à son bureau, en silence, s’affirmait de par le monde au moyen de son écriture, n’était pas dans la société réelle aussi puissant que l’était sa plume.
Sur l’aile du vent – Légère et lointaine – L’hirondelle.
Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le coeur des hommes.
Un mari n’est-il rien de plus qu’une éponge dont la seule fonction est d’aspirer l’amour de sa femme ?
Un miroir est un alambic à vanité et en même temps un stérilisateur d’orgueil. Aucun objet n’excite plus un imbécile qui se tient devant lui avec la tête pleine de suffisance.
Une sorte de frémissement doux et léger parcourait son cœur. C’était le plaisir d’aller impitoyablement tout droit au but, sans se préoccuper des autres existences qui s’agitent autour de soi.
Vent d’automne colore les feuilles – Est-ce lui qui a posé sur ma tête – Le premier cheveu blanc.
Vent d’hiver – Qui précipite dans la mer – Le soleil couchant.
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