L’eurodéputée grecque de 44 ans a été inculpée et écrouée dimanche pour “corruption” et “blanchiment d’argent”. Ancienne présentatrice télé, c’est un visage bien connu des Grecs.
La vice-présidente du Parlement européen au cœur de révélations saisissantes. Eva Kaili a été inculpée et écrouée dimanche pour “corruption” et “blanchiment d’argent” en bande organisée en lien avec le Qatar par la justice belge. Mais qui est cette eurodéputée grecque de 44 ans?
Une ancienne présentatrice télé
D’abord étudiante en architecture, Eva Kaili se lance en politique à l’âge de 20 ans. Elle devient alors conseillère municipale, avant de poursuivre des études en relations internationales et européennes et de suivre des cours de journalisme.
Elle se fait ensuite connaître comme présentatrice télé en devenant le visage de Mega, grande chaîne privée grecque, dont elle présente le journal entre 2004 et 2007.
La plus jeune députée du Parlement grec
En 2007, elle effectue un retour en politique, puisqu’à l’âge de 29 ans elle est élue au Parlement grec, le Pasok, et en devient la plus jeune députée.
Sa carrière prend une dimension européenne en 2014 lorsqu’elle est élue au Parlement européen dans le groupe des Socialistes et Démocrates (S&D), un mandat qu’elle conserve lors du scrutin européen de 2019.
Elle devient ensuite vice-présidente de cette assemblée en janvier, avant d’être suspendue vendredi dernier en raison de son interpellation.
Une proximité non dissimulée avec le Qatar
Membre de la délégation du Parlement européen destinée à développer les relations de l’Union Européenne avec la péninsule arabe, Eva Kaili s’est rendue au Qatar peu avant l’ouverture de la Coupe du monde de football en novembre. Elle y a salué les réformes menées par l’émirat dans le domaine, en présence du ministre qatari.
Quelques jours avant l’ouverture du tournoi, elle réitère ses propos, mais cette fois au Parlement européen. “La Coupe du monde au Qatar est la preuve que la diplomatie sportive peut aboutir à la transformation historique d’un pays”, affirme-t-elle.
Elle n’hésite pas à qualifier le pays du Golfe de “leader en matière de droit du travail”, en saluant notamment l’instauration d’un salaire minimum, alors que le pays hôte de la compétition est largement décrié sur la question du respect des droits humains, et notamment de ceux des travailleurs.
Des prises de distance avec le Parlement grec
Dans son pays natal, Eva Kaili s’est à plusieurs reprises distanciée du Pasok. Lors de l’accord entre Athènes et Skopje mettant fin à un long conflit sur l’appellation du petit pays balkanique, désormais nommé “Macédoine du Nord”, elle écrit sur Twitter: “J’ai honte. C’est un dommage irréparable pour l’Histoire, la Macédoine et les Grecs”.
Elle se positionne alors sur la même ligne que le parti conservateur grec opposé à cet accord, et considère que le nom de Macédoine liée à l’histoire d’Alexandre le Grand et à une région du nord de la Grèce ne peut être donné à un autre pays.
En 2019, elle déclare que “les allocations sont pour les fainéants”, critiquant les aides sociales distribuées par la gauche radicale pour faire face à la crise économique qui a mis le pays à genoux et précipité de nombreux Grecs dans la pauvreté.
Ses proches également inquiétés
Son compagnon et père de sa fille, l’Italien Francesco Giorgi a, comme elle, été interpellé. L’assistant parlementaire, affilié aux socio-démocrates, est spécialiste des questions de droits humains et des affaires étrangères.
Le père de l’eurodéputée grecque a par ailleurs été surpris en train de transporter une grosse somme en liquide “dans une valise”, selon le journal belge L’Echo. Il a finalement été libéré par la justice belge. Au total, la police a mis la main sur “environ 600.000 euros en ligne” dans le cadre de l’ensemble de ses perquisitions.
Suspendue de ses fonctions, Eva Kaili est actuellement en détention. Ses avoirs ont été gelés ce lundi par l’Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent.
Source : AFP, par Juliette Desmonceaux
